Grotte de Bournois ou de la Malatière (Doubs)
samedi 13 novembre 2021

Les 90 km de route en région franc comtoise sont rapidement avalés et à 8h45, nous sommes déjà aux abords du petit puits d’entrée. Le déplacement de cette sortie d’une semaine a donné raison à l’organisateur (Croc), qui avait peur d’une trop grande affluence de spéléos français en raison des vacances de la Toussaint. Aujourd’hui, nous étions seuls, les lieux étaient totalement désertés par les spéléos !

Si nous nous penchons sur l’historique de cette grotte connue de longue date, des publications à son sujet ont déjà paru en 1837 – 1872 – 1882. Mais la suite de cette grande grotte a été découverte en 1957 par le GS Vesoul et le GS de Belfort grâce à l’agrandissement de deux chatières débouchant sur 1,5 km de galeries (métro et rivière). En 1979, l’Association de Côte-d’Or (ASCO) publie la topographie de ce réseau souterrain important au développement de 3090 m. En 1994, l’ASCO désobstrue une trémie dans l’argile à l’extrémité de la galerie du métro et porte le développement de ce réseau à 5232 m. Enfin en 2011-12, il est encore découvert 210 m de galerie et l’ASCO publie toutes ses découvertes : la grotte totalise désormais un développement de 5442 m et est la neuvième cavité du département du Doubs.

Cette cavité s’est formée dans le jurassique moyen (Dogger) et plus précisément dans l’étage géologique du Bajocien, roche âgée de quelque 170 millions d’années.

Forts de ces renseignements ( !), nous descendons rapidement le petit puits de 7m qui accède à la grande galerie du réseau aval. Le réseau amont quant à lui est fermé par une grille, pour le plus grand bonheur des chauves-souris qui hibernent régulièrement et en toute quiétude ! Nous progressons dans une spacieuse galerie qui parfois est obstruée par un énorme concrétionnement, nécessitant des petites escalades de ressauts équipés de cordes. Par prudence, nous fixons encore une main-courante avant d’arriver dans la salle de la cathédrale, haute de 15 m. Un « soupirail » permet de poursuivre au milieu de concrétions diverses et on accède à un laminoir qui débouche dans la magnifique salle du pilier. Nous poursuivons dans un laminoir argileux qui met un peu à mal nos vieilles carcasses. Une étroiture franchie, nous arrivons bientôt à la vire qui surplombe un puits. Nous installons une main-courante et poursuivons notre cheminement par une chatière agrémentée d’une gouille d’eau. Nous voilà dans le métro, le réseau « grandiose » et réputé de plus de 700 m de la grotte de la Malatière, au parcours relativement facile malgré les quelques petits ressauts à franchir. D’ailleurs, nous poursuivons notre cheminement sur 80 m environ, au-delà du terminus de notre dernière visite avec le SCMN (févr. 2020), en escaladant un imposant massif de concrétions qui donne accès à la suite du réseau par un petit ressaut en dévers, équipé d’une corde très glissante. Cet obstacle s’avèrera assez malaisé à escalader au retour, du fait qu’on avait abandonné nos poignées Jumar quelques dizaines de mètres avant, persuadés que c’était tantôt la fin de la galerie, mais heureusement que « Claude le Prévoyant » avait une sangle dans sa poche ! Nous nous étions fixés comme objectif de nous arrêter au terminus du métro (faute de ticket supplémentaire !), donc avant de rebrousser chemin, nous observons encore les travaux de désobstruction opérés en 1994 par l’ASCO, dans un petit couloir très argileux et caillouteux. Nous sommes à plus de 1 km de l’orifice.

Le retour s’effectue rapidement (avec les Robert le rythme est toujours soutenu!), mais nous nous octroyons tout de même une petite pause avant les passages d’étroitures et de laminoirs. Le déséquipement des passages délicats s’effectue rapidement et nous nous retrouvons bientôt à la base du puits d’entrée que nous escaladons sans problème, malgré l’échelle qui resta coincée dans une fissure du rocher. Effectivement, les remontées sur corde présentent des avantages certains ! La durée de la visite fut très courte : 3h30, du fait de notre petit effectif composé de spéléos assez à l’aise dans le milieu souterrain.

Chaque participant fut très satisfait de cette petite expédition spéléo qui avait déjà été au programme de la Juju le 8 avril …. 1973 (oui, le choix de nos courses est répétitif !). Pour rappel, Claude (65) avait alors 17ans et Croc (72) en avait 24 ! Parole réconfortante du jeune de l’équipe, Vincent, qui ne connaissait pas encore l’ époque évoquée : « Bravo, les anciens ! A votre âge vous êtes encore fit » !!! Un compliment à retenir ! Merci !

Un retour sans histoire, dans la grisaille automnale, par l’Isle-sur-le-Doubs, Pont-de-Roide, Maîche, avant de prendre une petite bière au domicile de l’organisateur.

Questionnement en guise de conclusion :

Il est vrai que la spéléo est une activité à part, nécessitant quelques connaissances techniques, une certaine agilité, de l’endurance, de la résistance au froid et à l’humidité et surtout une grande motivation. Les qualités d’ailleurs qu’on retrouve chez les montagnards. Mais l’élément qui dissuade peut-être le plus les éventuels amateurs du milieu souterrain : le sentiment d’être enfermé ou tout simplement, le fait d’être sujet à la claustrophobie ! Enfin, un facteur à ne pas négliger : l’effectif vieillit, c’est difficile à admettre, mais le constat est réel ! Une réalité évidente apparait : un certain désintérêt à la spéléologie. En tant qu’organisateur des courses spéléos de la Juju, une question légitime peut se poser : est-il encore vraiment nécessaire de mettre cette activité au programme ? En effet, seul 2 ou 3 membres, toujours les mêmes, répondent présents. En conclusion, je veux volontiers accompagner quelques copains de la Juju sous terre, mais hors programme officiel. A discuter et à méditer.

Erratum: Dans l’invitation du 6 nov. à la grotte de Bournois, il faut rectifier le chiffre de 3090 m. En fait selon la dernière topographie de 2012, cette cavité présente un développement de 5442 m. Cette sortie s’est déroulée une semaine plus tard, soit le 13 novembre.

Rapport en pdf


Rapport: Alain Ballmer
Participants: Alain Ballmer, Claude et Vincent Robert
Coordinateurs: Alain Ballmer
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